Les Commanderies de l’ordre de Malte en Provence

par Jean-Jacques Dias, professeur d’histoire honoraire, Vice-pre?sident de l'association "E?tudes Vaudoises".

spécialisé dans l’histoire de Martigues
 

         On peut suivre la filiation entre la Provence et l’ordre de Malte. L’ordre a été  fondé à Jérusalem, par frère Gérard au XIe siècle. Selon une des traditions reconnues, Frère Gérard, (photo ci-contre) né Gérard Tenque serait né à Martigues, une autre tradition le fait naître à Amalfi.

L’origine de l’ordre

         Jérusalem était aux mains des turcs Seldjoukides. Bernard de Clervaux appelle à la croisade, le pape proclame que tuer des infidèles n’est pas un péché. L’objectif est de délivrer Jérusalem de la domination musulmane, turque en l’occurence. Gérard fonde à Jérusalem l’Hopital à côté du St Sépulcre.

Les hospitaliers sont reconnus par le pape en Palestine (bulle ci-contre).
L’église de  St Gilles du Gard témoigne du début de l’organisation.

         L’ordre se développe. A Martigues, le souvenir de Gérard, fondateur de l’ordre, est très fort. De somptueuses reliques existent. Il aurait été enterré à Manosque. Le crâne de Gérard est à Malte.

         Les signes de l’ordre sont connus : la croix de Malte blanche sur fond noir désignent les religieux, noire sur fond blanc, les militaires. Néanmoins, les Hospitaliers se donnent comme tâche de secourir les malades, les blessés, les pauvres, et non de combattre.

De Jérusalem, ils partent à St Jean d’Acre. Après le siège de St Jean d’Acre et sa prise en 1291, les Hospitaliers quittent la Palestine pour Chypre, puis se réfugient dans l’île de Rhodes en 1307, où ils fondent un Hôpital. En 1530 ils s’installent à Malte.

Les structures de l’ordre

         Pour maintenir les possessions de l’ordre à une telle distance, il faut des revenus, et donc des terres cultivables. On confie des commanderies aux nouveaux chevaliers.

Le grand maître de Villeneuve divise l’ordre selon les langues, et la langue la plus parlée est le provençal. Cette division permet d’accueillir les jeunes chevaliers qui faisaient leurs classes, et étaient répartis dans des auberges. L'auberge de Provence à Malte est la plus somptueuse (photo à droite).?

         Lors de l’affaire des templiers, le pape Clément VII décide que tous les biens des templiers passent à l’ordre de Malte. Parfois les rois récupèrent les commanderies.

En Provence il y en a beaucoup : Monfrin ; à Aix en Provence, l’église St Jean de Malte ; dans le port de Marseille, une chappelle se dissimule dans le Fort St Jean. Notons aussi Joueau, Poet Laval. À Gréoux le château en ruine est peut être aussi une ancienne commanderie. Les commanderies sont parfois très dispersées et constituées de terres fortement éloignées. Ainsi celle qui s’étend de Joueau à Sisteron, ou d’Avignon jusqu’à la Drôme. Le système des commanderies se moule sur le système féodal.
 

Une île de marins

         Quand l’ordre s’installe à Chypre, les chevaliers de Malte deviennent les gendarmes de la Méditerrannée et se dotent d’une marine. Chassés de Rhodes pasr Soliman le Magnifique, ils en partent avec les honneurs. Le Grand Maître Philippe de Villiers de l’Isle Adam a toute la gloire d’avoir su résister à l’armée turque. C’est au bout d’une errance en Méditerranée qu’ils aboutissent à Malte, et c’est avec la protection de Charles Quint qu’il s’installent.

Malte a une position stratégique (Photo à gauche). Dans la lutte entre François 1er et Charles Quint, Malte occupe une place importante. Francois 1er se ligue avec les ottomans et les princes protestants contre Charles Quint. Dans cette époque trouble, certains chevaliers deviennent protestants.

         Ainsi c’est l’amiral de Coligny qui envoie Nicolas Durand de Villegagnon coordonner l’expédition en Amérique du Sud, parce qu’il estimait que celui-ci, en tant que chevalier de Malte savait conduire une telle expédition maritime. Et il y a au Brésil une petite île qui s’appelle Villegagnon, où siège l’école navale brésilienne.

?Lors du grand siège de Lavalette (photo à gauche), les chevaliers font appel à tous les chevaliers pour sauver la ville, et certains protestants accourent au secours de l’ordre.

Dans la bataille de Lépante, en 1671, (photo à droite) la flotte  maltais?e joue un grand rôle...

Les chevaliers de Malte sont des marins expérimentés de grand renom, et de nombreux cadets de toute l’Europe viennent y accomplir leur formation.

Quelques marins célèbres : Le Bailli de Suffren, L’amiral de Grassi.

Le Devenir de l’ordre au XIX^e siècle

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Malte cesse d’être le siège de l’ordre lorsque Bonaparte s’empare de l’île ((photo ci-contre) au cours de la campagne d’Egypte.

En 1800 les Anglais récupèrent Malte. Le traité de Paris de 1814 reconnaît l'Angleterre, pays de religion anglicane, comme seul maître de Malte, ce qui éloigne encore un peu plus les espoirs d'un retour.

En 1831, le pape intalle la fondation de l’ordre à Rome. Le Grand Maître devient un Grand Prieur. 

Actuellement, plusieurs ordres de Malte co-existent dont des ordres protestants et des ordres catholiques. Le grand maître est italien.

                                                        Élisabeth Grimaldi, Présidente